Troisième et dernière partie du cours de Jean-Louis Dozome en 2013 qui porte sur l’acceptation
Peut-on définir l’acceptation comme une sorte de résignation, fatalité ? : « je suis bien obligée d’accepter puisque de toute façon c’est comme ça … ». On entend souvent ce discours dans la société.
L’acceptation est au contraire l’aboutissement d’une décision, d’un engagement. C ‘est le résultat d’un travail dans mon intimité par rapport à une partie de moi qui parait immuable, impossible à faire bouger, qui interroge sur ce que je suis prêt(e) à perdre, sur ce que cela peut aussi m’amener à dépasser, sur ce que cela m’apportera au final en terme de maturité, de sagesse, de compassion, de tolérance … Sans ce travail, je suis dans la résignation ou la contrainte.
La profondeur et l’intensité de nos expériences sont liés intimement à la dualité de notre condition d’être humain. La profondeur d’une expérience avec l’intensité plus ou moins forte associée ira toujours dans le sens de rentrer dans l’incarnation, c’est-à-dire le fait de sentir que j’existe. Mais en même temps, mon esprit dans le sens large m’extrait, m’allège de cette sensation. Et c’est la juste au milieu qu’on trouve la sensation de détente, de concentration, d’acceptation. On trouve cette sensation là dans certaines phases d’endormissement et de réveil ou on est couché confortablement avec des tensions qui disparaissent au fur et à mesure avec la chaleur des draps, tout cela en étant parfaitement conscients.
Il y a également une correspondance entre la notion d’acceptation et celle d’humilité. Être humble ne veut pas dire que je m’écrase, que je me transforme en vermisseau. Non, l’humilité va profondément dans le sens de l’acceptation c’est-à-dire je suis à la place où je suis, je suis là où je dois être pour répondre à l’équation de ma créativité, à la création de ma propre expérience de vie, mon programme d’incarnation.
La véritable problématique est la résistance à ce qui est. Cela créé des tensions, des crispations car mon mental est venu mettre son grain de sel, habiter des états émotionnels. Car nous avons tellement été habitués, conditionnés dans une certaine notion de risque, de perte, de manque selon nos familles, notre éducation et cela vient troubler nos élans, notre capacité à nous élancer. Il y a plein de petites ficelles qui viennent tirer à l’intérieur de nous pour limiter cet élan là.
Nous avons besoin d’apprendre à faire un état des lieux, de faire des liens, de relier ces différents états. Nous parlons de dualité parce que cela nous paraît être une lutte, un duel. Alors qu’en réalité, cela devrait beaucoup plus être une investigation, une empathie
Il y a un point qui peut paraître paradoxal : on dit qu’un entraînement est nécessaire pour accepter, se concentrer … et en même temps nous n’avons rien à faire, il n’y a pas d’efforts, qu’il faut lâcher prise !
La clé est la clarification d’intention, dans le sens d’orientation. Il s’agit de se demander si je peux accepter quelque chose comme une étape pour rebondir et évoluer ou bien n’ai-je finalement vécu qu’une forme de résignation malgré tout. Bien sur cela touche notre besoin de sécurité (voir la pyramide de Maslow). Clarifier ses intentions suppose une rencontre amicale avec soi-même sincère et authentique. Dans le mot « intention » il y a « tension », « tendre vers » dans le sens de la profondeur, de la matière, c’est ralentir un mouvement d’expansion pour que cela se matérialise. Cela va avec une stratégie, un pouvoir décisionnel, une créativité et c’est en rapport avec le masculin.
Dans cette démarche, le langage du corps est imparable et indiscutable : souvent en tant que thérapeute, je vois des gens qui sont en révolte, en rejet par rapport aux réactions du corps. On recherche quelque chose de magique qui éviterait d’avoir à faire une prise de conscience, l’effort d’un cheminement. Le mot « effort » n’est pas à prendre dans le sens de transpirer à grosses gouttes, il s’agit au contraire de se concentrer, être attention sur quelque chose qui se passe en nous, sur ce qui est en train de s’accomplir, c’est être attentif aux messages de mon corps.
Il s’agit d’aller vers une certaine souplesse, d’assouplir notre rapport au corps et donc de développer plusieurs façons d’être à son écoute, d’accueillir les tensions et de les faire fondre un peu comme la cuillère qui tourne et fait fondre le sucre dans la tasse d’eau chaude. En diluant activement nos tensions qui se manifestent, sans les rejeter, ni les voir comme des ennemis, juste observer quelque chose qui se manifeste et qui est en évolution.